Carabine britannique à verrou, avec silencieux intégré ou « De Lisle Commando Carbine »
Fiche technique
Type | Carabine à verrou |
Modèle | De Lisle Commando Carbine |
Fabricant | Ford Dagenham Company |
Utilisateurs | SAS et les commandos britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale et après |
Période | 1943 |
Dimensions | 93,5 cm (L) |
Poids | 3,760kg |
Lieu d’exposition au War Heritage Instutite | Musée de l’Armée, réserve |
La nécessité de développer un armement pour les missions secrètes pendant la Seconde Guerre mondiale
Le WHI possède dans ses collections plusieurs armes à feu historiques extrêmement rares, parmi lesquelles la carabine De Lisle. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, l’armée britannique se dote de commandos spéciaux, qu’elle déploie à l’arrière des lignes ennemies. Pour leur permettre de mener à bien leur missions dans le plus grand secret, elle a besoin d’un armement spécifique. En 1943, Sir Malcolm Campbell, du Special Operations Executive, charge William G. De Lisle, un ingénieur de l’armée de l’air britannique, de mettre au point un prototype. Celui-ci est développé à l’usine Ford Motors de Dagenham.
Cette arme est basée sur des éléments provenant de trois armes à feu célèbres, qui sont adaptés de manière à réduire le bruit produit et à rendre aussi difficile que possible la localisation des tireurs. Il s’agit de l’une des armes à feu militaires les plus silencieuses de l’histoire.
Développement de l’arme
L’arme réunit la crosse d’épaule et la culasse d’un fusil Lee Enfield MK III (adaptée pour des munitions de calibre .45 ACP), le chargeur d’un pistolet Colt 1911 (d’une capacité de 7 cartouches) et le canon d’un pistolet-mitrailleur Thompson, autour duquel est monté un énorme silencieux. Ce silencieux, qui représente plus de la moitié de la longueur totale de l’arme, est l’une de ses caractéristiques les plus singulières.
Malgré le développement de prototypes en calibre .22, le calibre .45 ACP apparaît rapidement comme le plus approprié. Le poids de la balle, combiné à un charge de poudre relativement faible, confère d’emblée une vitesse subsonique à la munition. Celle-ci ne franchit donc jamais le mur du son, ce qui évite la forte détonation accompagnant le tir. Elle est néanmoins létale et suffisamment puissante pour éliminer l’ennemi à une courte distance (entre 50 et 100 m).
Restait à gérer le bruit produit par la balle à la sortie de bouche, lors du relâchement des gaz à haute pression. Pour pallier le problème, un énorme silencieux, de 5,1 cm de diamètre, est intégré à l’arme. Associé à un canon très court, de 17,5 cm de long seulement, il permet de décomprimer considérablement les gaz provoqués par le tir au moment où ils atteignent l’avant du dispositif. Parallèlement, des perforations sur l’extrémité du canon permettent de contrôler le relâchement des gaz au moment où la balle est éjectée.
Vu que le silencieux chauffe après seulement quelques tirs, il est garni dans le bas d’une protection en bois. Le mécanisme à verrou du Lee Enfield est volontairement conservé. Il était apparu lors d’opérations similaires que d’autres armes à silencieux, comme le Sten MKII(S), généraient un bruit lors du chambrage automatique, alors que l’idée était de tirer au coup par coup dans le plus grand silence. Avec le mécanisme à verrou, le bruit après le tir disparaît complètement, jusqu’à ce que le tireur décide de chambrer manuellement une nouvelle cartouche. Le dessous en acier de la tige du verrou est remplacé par un morceau de caoutchouc, de manière à réduire encore la signature sonore lorsque la tige est abaissée.
Le saviez-vous ?
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Bien que très peu utilisée, cette arme a servi lors d’opérations secrètes menées dans le nord de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a également été utilisée en Extrême-Orient, contre l’armée japonaise, notamment pour éliminer des gardes.
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Dans les années 1950, le gouvernement britannique n’avait plus que faire des carabines De Lisle. Il en a distribué aux paysans britanniques installés en Malaisie, pour les aider à défendre leurs terres contre les bandits.
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De nombreuses anecdotes, plus ou moins crédibles, circulent sur cette arme. Ainsi, elle aurait été testée à Londres en tirant depuis un toit, en direction de la Tamise. L’examen de la réaction des passants aurait permis de conclure qu’aucun d’eux n’avait entendu de coups de feu.
En quoi la De Lisle Commando Carbine est-elle une pièce remarquable ?
Il s’agit d’une arme légendaire, quasi mythique, qui n’a été produite qu’à environ 130 exemplaires. Ce spécimen est particulier car il s’agit de l’un des 17 ou 18 prototypes d’essai livrés par la Ford Dagenham Company de Londres. Six d’entre eux se seraient retrouvés en Belgique, dont celui-ci.
-Arthur Van Rossem, Gestionnaire - collection Armes portatives, War Heritage Institute